Dans le milieu des années soixante, la marque Excalibur créée à Milwaukee en 1951 aux Etats-Unis cherche à diffuser ses véhicules vers l’Europe.
La Côte d’Azur par son climat et le niveau de vie de ses habitants leur semble un bon débouché. Guy Storr, un français installé à Monaco, parvint ainsi à s’assurer la représentation de la marque Excalibur pour l’Europe. Les bureaux étaient installés dans son appartement au 20 boulevard de la Princesse Charlotte à Monte-Carlo sur la Principauté de Monaco.
Guy Storr avait un certain panache avec ses cheveux blancs portés longs en arrière et une certaine aura verbale auprès des « peoples », potentiels clients.
S’inspirant du succès aux Etats-Unis des Excalibur inspirées des Mercedes SSK des années 20 et 30, Guy Storr importateur exclusif pour l’Europe des Excalibur américaines se dit que le marché français apprécierait encore plus un véhicule évoquant une voiture française de prestige datant de la même époque, offrant la même aura de gloire et un palmarès de compétition aussi étoffé : la Bugatti Type 35 (1924-1930).
Mais Guy Storr qui n’était pas satisfait du manque de finition et de l’ingénierie sommaire des Excalibur américaines, a préféré se tourner vers un carrossier italien de renom (Michelotti) à Turin-Borgaretto, pour qu’il assure la construction d’une présérie de 2 châssis-coques, avant de produire une série de 25 unités. Ainsi, en réalité, 27 seront assemblées en tout et pour tout.
Giovanni Michelotti (1921-1980) est un designer italien, qui fut, entre les années 1940 et les années 1970, l'un des designers automobiles les plus prolifiques du XXème siècle travaillant pour de nombreux constructeurs automobiles, notamment BMW et Triumph, dont il dessine toute la gamme, dans les années 60. Il est aussi à l’origine de la fameuse Maserati 3500 GT
Michelotti créa ainsi pour l'Excalibur 35X un châssis en profilés-traverses mécano-soudés. La carrosserie vient s’y souder par-dessus, ce qui lui donne l’allure d’une monocoque avec châssis intégré, gage de grande rigidité.
Une fois produits par Michelotti, les châssis-coques étaient peints et dotés de trains roulants pour être stockés dans un hangar situé près de Cannes. Ce n’était pas une construction industrielle à la chaine comme pour une voiture de grande diffusion, mais de l'artisanat.
Ensuite, les châssis-coques étaient assemblés et terminés dans un minuscule garage automobile (Daytona Garage) situé à Saint-Laurent du Var près de Cannes, en fonction des commandes enregistrées directement dans l'appartement de Guy Storr, boulevard de la Princesse Charlotte à Monté-Carlo.
Sur la photo ci-dessous, Guy STORR sur le port de Monaco avec l'Excalibur 35X pré-série 01 en 1967-1968.
Puis les Excaliburs 35X finies étaient livrées devant le casino de Monaco à Monte-Carlo. Les clients devaient ensuite attendre quelques jours pour obtenir une immatriculation monégasque provisoire, que certains allaient d’ailleurs utiliser très longtemps.
C’était totalement empirique et même presque amateuriste, mais à la fin des années soixante début des années soixante-dix, les marques « exotiques » étaient toutes logées aux mêmes enseignes. D’ailleurs, même les Ferrari dans les années cinquante étaient vendues dans ce type de conditions assez précaires.
La mécanique et les trains roulants de l'Excalibur 35X sont issus de l’Opel Commodore première génération (1967–1972). L’Opel Commodore a été retenue car Opel était la filiale européenne de General Motors ce qui pouvait permettre d’exploiter cette carte de visite pour introduire la voiture sur le continent américain, mais aussi pour des questions de pure ingénierie, car Guy Storr voulait proposer un véhicule fiable avec moteur à l’avant, traction arrière et essieu rigide.
Le moteur de base de l’Excalibur 35X est donc le 6 cylindres de l’Opel Commodore GS de 130 cv, avec 2 carburateurs double corps inversés Zénith 35/40, qui pouvait être préparé par l’italien Virgilio Conrero (Autotecnica Conrero) en option à partir de 1969 pouvant alors délivrer jusqu'à 180 cv. Cependant, la plupart des Excalibur 35X furent équipées simplement du moteur GS 130 cv sans préparation.
Le train avant et le pont arrière proviennent également de l’Opel Commodore.
L’intérieur est réalisé en cuir (ou simili cuir suivant le type de finition) avec des tapis et habillage de qualité en pure laine.
Le tableau de bord à 6 cadrans est réalisé à partir d'une plaque d’aluminium, qui peut-être bouchonnée.
Les jantes sont des Borrani à 48 rayons chromés et serrage central, ou à défaut des jantes en tôle avec enjoliveur. Les pneus sont des radiaux Michelin type XAS en 165HR15 ou des Pirelli Cinturato.
Le volant est signé de l’équipementier italien Nardi avec différente variante. L'Excalibur 35X dispose notamment d’un chauffage intérieur, et suivant les finitions : d’une capote, de portes souples et d’un cover-top, d'un autoradio….
L’Excalibur 35X est présentée au salon Motor Show de New-York en mars 1968 par « SS Automobile ».
Elle se distinguait des Excalibur américaines par le fait qu’elle était construite totalement en acier (sauf le tablier qui cache le chassis en avant du radiateur qui est une pièce en polyester), et qu’elle était indéniablement mieux finie et mieux assemblée que ses grandes soeurs.
La voiture est également présentée au salon de l’automobile de Paris du 3 au 13 octobre 1968.
En marge de la course mythique des 24 heures du Mans 1968, l'Excalibur 35X présérie n°01 est exposée pour susciter des commandes auprès des passionnés d'automobile.
Par chance, Guy Storr a bénéficié d’un coup de pouce du destin quand le réalisateur cinématographique Pierre Grimblat lui a loué l’Excalibur 35X présérie N°01 pour être la co-vedette de son film « Slogan » tourné entre le 26 juin et le 16 aout 1968.
Dans le film, l’Excalibur 35X est la voiture de Serge Gainsbourg, et apparaît ainsi dans de nombreux plans. C’est d’ailleurs sur le tournage de ce film que Serge Gainsbourg rencontre pour la première fois Jane Birkin. Le film est sorti en salle en 1969.
Un jour en 1973, au volant de son Excalibur 35X (n°22), Guy Storr percuta un camion dans la moyenne corniche de la région de Nice, ce qui le défigura à jamais et atteignit son moral. Son affaire périclita. Il tenta de redresser la barre en liquidant les dernières Excalibur 35X prémontées par Michelotti qui restaient en stock et qui ne se vendaient plus.
Quelques-unes furent encore assemblées par le garage Daytona de Saint-Laurent du Var, mais avant que ses affaires se redressent, en 1980 pris d’un malaise au volant, Guy Storr percuta un véhicule de face sur la voie rapide de Nice et perdit la vie.
Sa veuve liquida l’affaire, les voitures et pièces furent disséminées dans l’Europe entière. Une partie des accastillages et radiateurs furent repris par Xavier de la Chapelle qui débutait alors la construction d’une réplique moderne de la Bugatti type 55 à l’échelle du huit-dixième.
Vingt-sept Excalibur 35X ont été officiellement produites et assemblées.
Mais, il convient de bien distinguer les années de production des châssis-coques par Michelotti, qui sont différentes de l’année d’assemblage final et de commercialisation, qui peuvent encore être distinctes de l’année d’immatriculation administrative. De même, autrefois, la date de première immatriculation n’était pas toujours reprise sur les documents administratifs d’immatriculation en cas de vente ou d’import du véhicule depuis l’étranger.
Aussi, il est très difficile de classer les Excalibur 35X par année de fabrication, même si les données suivantes circulent sur internet, sans préciser s'il s'agit de l'année de production des châssis-coque, de l'année d'assemblage ou de l'année de commercialisation :
1965 : 5 exemplaires
1966 : 6 exemplaires
1967 : 8 exemplaires
1968 : 10 exemplaires
En effet, le premier exemplaire (préserie 01) n'est présenté au public que début 1968, et l'Excalibur 35X présérie 02 a été immatriculée en France la première fois en juillet 1967.
Ainsi, parmi les 27 Excalibur 35X, les 2 préséries (n°01 et n°02) présentent des « variations » de carrosserie notables avec notamment une traverse droite non chromée entre les phares avant, et des clignotants rectangulaires positionnés sous les phares ou sur le pare-choc :
De même, sur les 2 modèles de présérie, les feux arrières ne sont pas intégrés dans le profilé de la carrosserie, mais disposés en saillis :
Hormis ces différences visuelles, les deux préséries sont assez proches des modèles de série :
les évolutions esthétiques de la barre cintrée chromé et des feux arrières intégrés dans la carrosserie, ont juste été validés pour la production de la série des 25 Excalibur 35X.
En plus de ces éléments distinctifs, on peut aussi noter pour les modèles de présérie la présence d’un certificat d’immatriculation faisant mention uniquement de véhicule "OPEL" en D1 et "type mine modifié" en Z1, et non pas la mention « Excalibur ». On peut aussi noter l’absence de plaque constructeur "Excalibur" d'origine sur les 2 préséries.
Les pré-séries se distinguent donc visuellement par une traverse droite non chromée entre les phares avant, et surtout une carrosserie arrière n’intégrant pas les feux, et nécessitant leur pose en saillie.
Données librement retravaillées notamment sur la base des sources de Patrice de Bruyne, selon son site « Gatsby on line ».
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